« Je ne sais rien de mon frère mort si ce n’est que je l’ai aimé. Il me manque comme personne mais je ne sais pas qui j’ai perdu »…
Deux récits qui sont mis en parallèle. Dans l’un, l’auteur raconte qu’il a monté au théâtre la pièce Bartleby de Merville. Il nous donne de la pièce une version écourtée telle qu’il l’a séquencée pour la scène. Bernard était réellement « bartlebyen ».C’est un monologue que le narrateur a joué seul sur scène (puisqu’elle est elle-même un monologue). Il y est question d’un scribe, Bartleby, employé par un notaire ou plutôt qui s’installe chez un notaire et qui refuse de collationner les minutes qu’il rédige : « je préfère pas ». Au fil du temps, le scribe n’écrit plus, ne fait rien et lorsque le notaire déménage faute de pouvoir renvoyer le scribe qui s’incruste, Bartleby restera toujours là : « je préfère pas »…
Ce récit de la pièce alterne avec les souvenirs que le narrateur garde de son frère qui est mort. Il nous explique son ressenti pendant qu’il jouait la pièce ainsi que le ressenti du public, qui veut à toute force trouver une explication à l’attitude de Bartleby : peut-être qu’il sait écrire mais pas lire ? D’où vient –il, quelle est son histoire ? Il n’y a pas de réponse à toutes ces questions.
Le désir de monter cette pièce est venu à l’esprit du narrateur en pensant à son frère, Bernard, disparu, dont la présence ne le quitte pas.
On est un peu comme dans une succession de miroirs qui se regardent les uns les autres. Au théâtre l’acteur/narrateur joue seul sur scène mais Bartleby est toujours présent ; tout comme dans la vie où, l’émouvant souvenir de Bernard, son grand frère défunt est toujours présent dans l’esprit du narrateur. Un livre gorgé d’émotion.
Quelques mots sur l’auteur : Daniel Pennacchioni dit Daniel Pennac est un écrivain français, né en 44 à Casablanca au Maroc. Son père est militaire et la famille le suit dans ses déplacements en France et à l’étranger.
Mon Frère de Daniel Pennac aux éditions Gallimard