Un roman féminin et féministe.
Nous sommes en 1915, deux jeunes infirmières Néo-Zélandaises se portent volontaires pour soigner les soldats de leur pays qui se battent sur les champs de bataille. Elles sont 70 infirmières à se retrouver sur le navire-hôpital Mahona.
C’est aussi un roman historique extrêmement bien documenté qui nous fait découvrir les horreurs de la Première Guerre Mondiale à travers le regard de ces deux infirmières néo-zélandaises d’abord en Egypte puis en France.
L’une Meg Dutton vient d’un milieu difficile avec un père alcoolique et une mère dépressive, alors qu’Addie Harrington est issue d’une famille plus conventionnelle. L’une, extravertie, aime s’habiller et s’amuser, l’autre, plus introvertie, préfère la littérature. Rien ne les aurait rapprochées dans la vie ordinaire, sans doute ne se seraient-elles jamais rencontrées. Chacune aurait son chemin, sa vie sans jamais se croiser. Ce sont les circonstances de la guerre, le fait aussi qu’elles aient choisi le même métier, qu’elles s’y investissent toutes deux de la même manière qui les feront se trouver. Il ne faut pas tout mettre sur le dos du destin.
Et pourtant leur amitié sera sans faille et les aidera à traverser les horreurs des champs de bataille avec leur lot de blessés et d’amputations, avec aussi leurs maladies inhérentes, dysenterie et en cette fin de guerre, la grippe espagnole qui fit des ravages tant parmi les belligérants que parmi les autres.
Elles tombent amoureuses toutes les deux. Les amours de guerre, de champs de bataille sont des amours impossibles. Là, la vie, celle qu’on avait avant de se met entre parenthèses, ou bien est-ce la vie en temps de guerre qui est une parenthèse dans la vie, la vie d’avant et la vie d’après ?
Comment peut-on connaître un homme dans ces conditions, quand la vie d’avant va le rattraper ?
Peut-on faire , refaire sa vie avec un homme partenaire sur les champs de bataille pour sauver des vies et que la guerre a détruit physiquement, le privant de bras , de jambes, de visage même, et moralement en en faisant un autre homme amer et exigeant.
Ce que la guerre a pris ce n’est pas seulement des vies, c’est aussi des âmes.
Pour moi, le sujet du livre est une sorte de reportage, un journal sur la vie de deux infirmières. D’un chapitre à l’autre les voix des deux infirmières alternent nous décrivant leur vie au jour le jour avec ses tragédies, sans atermoiement, sans fioriture, sans descriptions exhaustives des blessures. « Un cerveau qui ne réfléchit pas est aussi accommodant qu’un cerveau anesthésié.. » On n’a pas le temps de penser, de s’appesantir, d’avoir des sentiments, des états d’âme. Et pourtant, au milieu de ce chaos, elles trouveront l’amour.
Je n’ai rien trouvé de la vie de Maxime Alterio, aucune biographie disponible. On sait seulement (enfin, moi, je sais seulement !) que c’est son premier roman traduit en français.
« Des Vies Derrière soi » de Maxime Alterio aux Edts Prisma