« Le Meurtre du Commandeur » de Haruki Murakami

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Je suis inconditionnelle de cet auteur.
Je me suis délectée en lisant « Kafka sur le Rivage » avec ces avatars qui surgissent on ne sait d’où et si la définition de ce mot est bien comme le dit le dictionnaire « l’apparition d’un dieu sur terre », nous sommes bien édifiés sur ce que sont nos dieux d’aujourd’hui !
Il est bien difficile de définir ce qui me plait dans ce dernier livre de Murakami. L’ambiance sans doute : j’ai l’impression de vivre dans un paysage, dans un tableau. Les premières lignes, description de l’endroit où se trouve la maison entre pluie et soleil, me plongent dans cette atmosphère particulière.
Seulement prendre la table des matières, et lire le titre des chapitres est pour moi un ravissement.

Il n’y a pas de meurtre dans ce meurtre, ou du moins, on ne sait pas vraiment s’il a eu lieu. Dans cet univers où une Idée peut apparaître ou disparaître à volonté, peut se faire inviter, peut agiter une clochette pour qu’on la trouve et s’asseoir sur l’étagère du haut pour donner son point de vue, rien n’est jamais sûr, rien n’est jamais acquis. Cet avatar m’a bien fait rire avec son parler franchement marrant (bravo la traductrice) ! Le narrateur s’est fait quitter par sa femme, il le vit très mal et part pour un voyage de plusieurs mois sans aucun but. Un ami, fils d’un peintre célèbre, lui prête la maison de son père. On lui propose de faire un portrait ; Après tout c’est comme cela qu’il gagnait sa vie avant que sa femme ne le quitte. Qui est cet homme sans visage au talisman en forme de pingouin qui lui commande un portrait ?
L’auteur/narrateur est omniscient puisqu’il raconte ce qui s’est passé ou ce qu’il pense qui s’est passé ou ce qui s’est possiblement passé. Il revient sans cesse sur ce passé en apportant chaque fois un nouvel éclairage. Et il découvre le Meurtre du Commandeur. Pourquoi ce peintre, dont il occupe la maison, a-t-il commencé à peindre dans le style traditionnel ?
Peut-on se contenter de vivre par procuration en regardant vivre les autres ?
Ce premier tome du Meurtre du Commandeur pose tant de questions qu’il va me falloir très bientôt acheter la suite mais je me laisse un temps pour réfléchir à cette idée : peut-on faire le portrait du rien ?

« Le Meurtre du Commandeur » de Haruki Murakami aux editions Belfond

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